nymphes, de génies et aussi de bergers; car ici l‘élément épique et l’élément pastoral sont désormais insépa¬ rables. Nous aurons occasion de faire ressortir ailleurs ce fait que dans les églogues tantôt narratives, tantôt dialoguées, qui ont paru depuis Pétrarque, la vie pastorale est déjà presque entièrement[1] conventionnelle, et qu’elle sert de cadre à des idées et à des sentiments quelconques ; nous n’avons à parler en ce moment que des nouveaux mythes. On voit ici plus nettement qu’ait leurs que les dieux antiques ont une double signification dans la Renaissance : d’une part, ils remplacent les abstractions, les généralités, et rendent inutiles les figures allégoriques ; d’autre part, ils sont en même temps un élément de poésie libre et indépendant, une sorte de beauté neutre qui peut trouver sa place dans toute espèce de poésie et qui se prête à mille combinaisons variées. Boccace ouvre la marche avec son monde
- maginaire de dieux et de bergers des environs de Florence,
avec son Ninfale d’Ameto et son Ninfale de Fiésole, qui sont écrits en italien. Mais le chef-d’œuvre du genre pourrait bien être le Sarca de Pierre Bembo [2], la demande en mariage de la nymphe Garda par le fleuve de ce nom, le magnifique banquet nuptial dans une grotte du monte Baibo, les prédictions de Manto, fille de Tirésias, sur la naissance de l’enfant Mincius, la fondation de Mantoue et la gloire future de
- ↑ Il y aura également lieu de parler plus bas des brillantes exceptions que forment les auteurs qui donnent à la vie champêtre les couleurs de la réalité.
- ↑ Imprimé dans Mai, Spicilcgium Bomamim, vol. VIII, pp. 488-504 (comprenant environ cinq cents hexamètres). Pierio amplifia ce mythe ; voir son Caipio dans les Delicicc po(t. liai.; voir aussi les écrits secondaires de P. V., Cologne, 1811, pp. 42-46. — Les fresques de Erusasorci, dans le palais T.lurari, ù Vérone, représentent le sujet du Sarca.
