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CHAPITRE X
LA POÉSIE NÉO-LATINE.

Enfin le plus beau titre de gloire des humanistes est la poésie néo-latine, Il faut en parler ici, en tant qu’elle sert à caractériser l’humanisme.

Nous avons montré plus haut (p. 316) de quel engouement elle était l’objet, combien elle a été près de l’emporter définitivement. On peut être convaincu tout d’abord que ce n’est pas par caprice ni sans poursuivre un but sérieux que la nation la plus spirituelle et la plus cultivée du monde d’alors renonçait dans la poésie à une langue comme la langue italienne. Il faut qu’elle y ait été déterminée par une raison d’un ordre supérieur.

Cette raison, c’était l’admiration de l’antiquité. Comme toute admiration véritable et sans réserve, elle engendra nécessairement l’imitation. Même à d’autres époques et chez d’autres peuples on trouve une foule de teniativcs isolées dans ce sens ; mais ce n’est qu’en Italie qu’étaient réunies les deux conditions essentielles de la durée et du développement de la poésie latine ; l’accueil empressé de tous les gens cultivés de la nation et le réveil partiel de l’antique génie italien chez les poètes eux-mêmes ; on dirait entendre les accents à peine affaiblis de la lyre d’autrefois. Les meilleures œuvres qui surgissent, sont, non pas des imitations, mais des