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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

qui parlait et qui écrivait ea latin, et qui avait besoin de noms qui fussent non-seulement déclinables, mais encore faciles à mettre dans la prose et dans les vers. Ce qui est blâmable et souvent ridicule, c’est le demi-changement d’un nom auquel on veut donner un air classique et une autre signification, que ce soit uu nom de baptême ou un surnom. C’est ainsi qu’on chaugea Giovanni en Jovianus ou Janus, Piero en Pierius ou Petrcius, Antonio en Aonius, etc. L’Arioste, qui se moque tant de cette manie[1], a vu encore donner à des enfants les noms de ses héros et de ses héroïnes [2].

De même, on ne doit pas juger trop sévèrement les dénominations antiques que les écrivains latins donnent aux fonctions, aux cérémonies, etc. Tant qu’on se contente d’un latiu simple et facile à comprendre, comme celui qu’on trouve dans les écrivains qui se succèdent depuis Pétrarque jusqu’à Sylvius Ænéas, cet usage ne fut pas trop fréquent ; mais il dégénéra nécessairement en abus à partir du moment où l’on s’efforça d’écrire la langue de Cicéron dans toute sa pureté. Alors il ne fut plus possible de trouver des équivalents pour toutes les choses modernes, à moins de recourir à de savantes périphrases, te pédantisme se fit un plaisir de donner aux conseils municipaux le titre de Patres conscripti, de désigner les nonnes sous le nom de Virginies vestales, de traiter chaque saint de Dius ou Deus, tandis que des gens

  1. Qnasl ehe’l nome i bnoa giudici inganni, E che quel meglio t’abbia a far poeta, Che non farà lo atudio di moU’ anni 1 C*e&t aìbsi que l’Arioste se moquait de cette manie dans la satire Vii, vers 64 ; il faut dire que le hasard lui avait donné un nom harmonieux.
  2. Ou même d’après ceux de Bojardo, qui sont eu partie les siens.