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CHAPITRE VII. — REPRODUCTION DE L’ANTIQUITÉ.

Milan, lors du mariage d’Anne Sforza avec Alphonse d’Este. (Il est possible cependant que ce discours ait été prononcé dans la chapelle du palais.) Même des particuliers de haute condition se donnaient à l‘occasion le luxe de payer un orateur extraordinaire pour une cérémonie de ce genre. À Ferrare, on priait simplement Guarino [1] d’envoyer un de ses élèves pour faire l‘allocution traditionnelle. Aux mariages et aux enterrements, l‘Église ne s’occupait que des détails matériels.

En fait de discours académiques, ceux qui sont prononcés par les professeurs eux-mêmes lors de leur entrée en fonction ou de l’ouverture des cours [2] sont rehaussés de tous les ornements que la rhétorique peut fournir. De même, les cours ordinaires se rapprochaient souvent du discours proprement dit [3].

  1. Anecdota lin., f, p. 299, dans l’oraison funèbre prononcée par Fedra en l’honneur de Lod. Podocalaro ; c’est lui que Guarino désignait de préférence pour de semblables missions. Mais Guarino iui-méme a prononcé plus de cinquante oraisons funèbres et discours d’apparat, qui sont énumérés dans RosMim, Gmrino, i[, p. 139-146,
  2. On trouve beaucoup de discours d’ouverture de ce genre dans les ouvrages de Sabellicus, de Beroaldus major, de Codrus Urceus, etc. Parmi les ouvrages de ce dernier se trouvent aussi des poésies, qu’il a lues publiquement in principio studii.
  3. Voir le succès remarquable qu’avaient les cours de Pomponazzo dans Paul. Jov., Elogia vir. doci., p. J3i, qui remarque entre autres que P. pai lait souvent de telle manière que ses auditeurs auraient pu écrire tout ce qu’il disait. En général, il parait que les discours qui devaient être parfaits sous le rapport de la forme, s’apprenaient par cœur ; le fait est affirmé formellement par Giannozzo Mannetti {Commentario, p. 39) ; comp. le récit qui se trouve au même endroit, p 64 ss., avec cette observation qui se trouve à la fin, que Mannetti parlait mieux sans préparation que Charles Arétin après qu’il avait préparé sou discours. Par contre, on raconte de Codrus Urceus que, comme il avait la mémoire ingrate, il lisait ses discours.(iô’ta, après les œuvres de C. U-, Ven., iâû6, fol. LXX.) — Le mérite exagéré qu’on attribuait â l’orateur est attesté par le passage suivant : âmim a/firmare, per/eetum oratorem {et quisquam modo sit perfectus orator) ita facile poeee nttorem, leetitiam, lumina et umùras rebus dare quas oratione exponetidas suscipit, ut pictorem