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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

que M. Scévola avait pris pour le roi lui-même, à Mécène, qui était le secrétaire d’Auguste, aux archevêques, qui en Allemagne s’appellent chanceliers, etc.[1]. Les écrivains apostoliques ont entre les mains les premières affaires du monde, car quel autre qu’eux écrit et décrète dans les questions relatives à la foi catholique, à la lutte contre l’hérésie, au rétablissement delà paix, à la médiation entre les plus grandes monarchies ? Quel autre qu’eux dresse les tableaux statistiques de toute la chrétienté ? Ce sont eux qui frappent d’admiration les rois, les princes et les peuples par l’expression de la volonté des papes ; ils rédigent les ordres et les instrnctions pour les légats, le pape a seul le droit de leur commander. Les deux célèbres secrétaires et stylistes de Léon X, Pierre Bembo et Jacques Sadolet[2], devinrent illustres entre tous.

Mais toutes les chancelleries n’écrivaient pas avec élégance ; il y avait un certain méchant style particulier aux fonctionnaires et un affreux latin qui étaient fort

  1. C’est la véritable chancellerie impériale sous Frédéric III que Sylvius Ænéas connaissait le mieux. Comp. Bpp. 23 et 105, Optra, p. 516 et 607,
  2. Les lettres de Bembo et de Sadolet ont été souvent imprimées ; celles do premier, p. ex., dans les Opéra, Bâle, 1556, vol. il, oîi l’on fait une distinction entre les lettres écrites au nom de Léon X et des lettres particulières ; celles du dernier sont les plus complètes, 5 vol., Kome, 1760. Carlo Malagola a écrit quelques articles spr ces deux auteurs dans ia revue II Baretti, Turin, 1875. Nous parlerons plus bas de l’Asolani de Bembo ; sur lïmportance de Sadolet comme écrivain latin, un contemporain, Petnis Alctoniüs, De exiUo, ed Menken, p. 119, s’est exprimé de la manière suivante : Sohts autem nosirorum temporum aut certe eum pcauh ammadvertit elocutionem emendatam et latinam esse quasi fundamentum oratoris, ad eamque ohtinendam necetse esse latinam Unguam expurgare quam înquinaïunt nonriulli exquîsitarum liiterarum omnino rudes et nuliius judieit komines qm partim ex eircumpadanis municipiis, partim ex traxsalpinis j^ovinciit in hanc urbem ctmfluxerunt. Emendavit igitur erudiimimus hie vir eorruptam et vitiosam îaiînœ linguat consueiudinem, pnra ac integra loqwendi ration«.