Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée
280
LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

le Castello Nuovo ; — sa dynastie napolitaine (p. 46 ss.) n’a pas hérité grand’chose de cet enthousiasme de l’antiquité, non plus que de ses autres bonnes qualités.

Un prince infiniment plus instruit qu’Alphonse, c’était Frédéric d’Urbin[1], l’illustre élève du grand maître Vittorino da Feltre, qui avait moins de monde autour de lui, qui ne connaissait pas la prodigalité et qui, dans l’exploitation des trésors de l’antiquité comme en toutes choses, procédait avec méthode. C’est pour lui et pour Nicolas V qu’ont été écrites la plupart des traductions d’auteurs grecs, ainsi qu’un grand nombre des meilleurs commentaires, des meilleures études, etc. Il dépensait beaucoup, mais avec intelligence, pour payer les gens qu’il employait. Il n’était pas question d’une cour de poètes à Urbin ; le prince lui-même était le premier des lettrés. Mais l’antiquité n’était qu’un des éléments de sa culture intellectuelle ; prince, général, homme accompli, il possédait une grande partie de la science d’alors et se servait de ses connaissances pour en faire un usage pratique. Comme théologien, il comparait, par exemple, saint Thomas et Scot ; Il connaissait aussi les anciens Pères de l’Église de l’Orient et de l’Occident ; les premiers ne lui étaient abordables que dans des traductions latines. Dans la philosophie, il semble avoir entièrement abandonné Platon à son contemporain Cóme de Médicis ; quant à Aristote, il en connaissait très-bien non-seulement la morale et la politique, mais encore la physique et d’autres écrits. Dans ses autres lectures, il avait uue préférence marquée pour les historiens de l’antiquité, qu’il possédait au complet ; c’étaient eux et non îes poètes « qu’il relisait et se faisait relire sans cesse »,

  1. Vespas. Fior., p. 3, 119 SS. — Voile aver piena notizia d"ogni cosa, cosi sacra come gentile. — Comp. plus haut, p. 56 SS. et 235 ss.