qui ne cultivaient pas eux-mêmes la science ou qui ne la protégeaient pas. Son endroit favori semble avoir été la bibliothèque du château de Naples, qu’il savait fort bien ouvrir lui-mème en l’absence des bibliothécaires ; là il s’asseyait près d’une fenêtre d’où l’on avait une vue admirable sur la mer, et écoutait les docteurs quand ils discutaient, sur la Trinité, par exemple. Car il était profondément religieux ; outre Tite-Live, il se faisait aussi lire et commenter la Bible ; aussi, après l’avoir lue quatorze fois, la savait-il à peu près par cœur. Aux jeunes filles qui voulaient entrer dans un couvent, il donnait la dut nécessaire, fréquentait assidûment les églises et écoulait les sermons avec une religieuse attention. Qui pourrait dire ce qu’il éprouva à la vue des prétendus ossements de Tite-Live, découverts à Padoue (p, 183) ? Lorsque, sur ses instantes prières, il obtint des Vénitiens un os du bras de l’historien latin, et qu’il reçut cette relique avec un saint respect, il dut y avoir dans son âme un singulier mélange de sentiments chrétiens et païens. Dans uae campagne qu’il fit dans les Abruzzes, on lui montra de loin Sulmone. la patrie d’Ovide ; il salua la ville et remercia le génie du lieu ; il était évidemment heureux de pouvoir justifier les prédictions du grand poëte au sujet de sa gloire future[1]. Un jour, il eut même la fautaisie de renouveler une cérémonie antique. C’était lors de sa fameuse entrée dans Naples définitivement conquise (1443) ; non loin du Mercato, on pratiqua dans le mur d’enceinte une brèche large de 40 aunes ; c’est par là qu’il entra dans la ville, assis sur un char d’or ainsi qu’un triomphateur romain[2]. Le souvenir de ce fait est consacré par un magnifique arc de triomphe élevé dans
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CHAPITRE VI. — LES PROMOTEURS DE L’HUMANISME.
