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CHAPITRE VI. — LES PROMOTEURS DE L’HUMANISME.

même une Borgiade, écrite probablement en hexamètres[1] ; mais ils sont trop occupés ailleurs et songent trop à trouver d’autres points d’appui pour rechercher les louanges des poètes philologues. Jules II trouve des poètes pour chanter sa gloire, parce que sa carrière est faite pour inspirer le talent (p. 160). mais il ne semble pas, du reste, s’être beaucoup préoccupé des poètes en général. Après lui vient Léon X, a comme à Romulus succède Numa », c’est-à-dire qu’après le pontificat belliqueux de Jules II, on s’attendait à voir un pontificat pacifique, entièrement consacré aux Muses. Le plaisir de lire de belle prose latine et des vers harmonieux entrait dans le programme de la vie de Léon X ; sous ce rapport, la protection qu’il a accordée aux lettres a eu certainement un heureux effet : ses poètes latins ont reproduit dans des élégies, des odes, des épigramraes et des épîtres sans nombre cet heureux et brillant esprit de l’époque de Léon X, dont la biographie de Paul Jove est animée [2]. Peut-être n’y a-t-il pas dans toute l’histoire de l’occident un seul prince qui ait été célébré par tant de voix, malgré le peu de faits éclatants que présente

  1. Lil, Greg. GyualdüS, De poetisnostri temporis, à propos du Sphaerulus de camerino (Opp., ii, p. 394). te brare homme ne put finir son ouvrage à temps, et quarante ans plus tard il l’avait encore dans son bureau. — Sur les maigres honoraires donnés par Sixte IV comp, Pierio Vilee., De in/elic. lût., p. 369 ss., à propos de Théodore Gaza. Il reçut cinquante florins d’or pour la traduction et l’annotation d’un ouvrage d’Aristote ab eo, a qm se totum tnauratum tri speraverat. — Sur la persistance systématique des papes qui ont précédé Léon X à ne pas donner le chapeau de cardinal à des humanistes, comp. l’oraison funèbre du card, EgidiO, Anecd. lia., IV, p. 307, composée par Lor. Grana.
  2. Les meilleures productions de ce genre se trouvent dans les Deitetof poetarum lialorum, et dans les appendices des différentes éditions de Roscoe, Aifo« X. Bien des poètes et des écrivains, tels que Alcyonüs, De exiho, ed Menken, p. 10, disent sans détour qu’ils aiment à louer Léon X, parce qu’ils espèrent ainsi devenir immortels.