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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

quinzième siècle, le Pape et d’autres princes ne voulurent pas rester en arrière, jusqu’à ce qu’on en vînt à ne plus tenir aucun compte des traditions. À l’époque de Sixte IV[1], l’Académie romaine de Pomponius Lætus distribuait de sa propre autorité des couronnes anx poètes. Les Florentins avaient au moins le tact de ne couronner les humanistes célèbres qu’à leur mort ; c’est ainsi que furent couronnés Charles et Léonard Arétin ; l’oraison funèbre du premier fut prononcée par Matteo Palmieri, celle du second par Giannozzo Manetti ; la cérémonie eut lieu devant tout le peuple et en présence des membres du Concile. L’orateur était au chevet du catafalque sur lequel était couché le corps, couvert d’un vêtement de soie[2]. En outre, on érigea à Charles Arétin un mausolée (à S. Croce), qui est un des plus beaux de la Renaissance.

  1. Jac. VOLATERRAN., dans Murat., XXIII, col. 185.
  2. Vespas. Fior., p. 575, 589. — Vila Jan. Manetti, dans MURAT., XX, col. 543. — Léonard Arétin était tellement célèbre, même de son Tivant, qu’il venait des gens de tous les pays pour le voir, et qu’un Espagnol se jeta â genoux devant lui. Vesp., p. 568. — La municipalité de Ferrare donna la somme alors considérable de 109 ducats pour le monument à élever à Guarino (1461). Sur les couronnements de poètes en Italie, voir Fayre, Mélanges d’histoire littéraire, 1856, I, p. 65 ss.