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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

dier les livres d’Avicenne ; il y apprit l’arabe et corrigea son auteur favori ; ensuite le gouvernement de Venise créa pour lui une chaire spéciale à Padoue. L’exemple donné par Venise fut bientôt suivi par d’autres villes ; des princes et des particuliers collectionnèrent à Penvi des manuscrits arabes ; la première imprimerie arabe fut créée à Fano par le pape Jules II, et bénie solennellement eu 1514, sous Léon X[1].

Nous avons encore à parler de Pic de la Mirandole, avant d’examiaer l’influence de l’humanisme en général. Il est le seul qui ail eu le courage de défendre énergiquement la science et la vérité de tous les temps contre les esprits étroits qui mettaient au-dessus de tout l’antiquité classique[2]. Il estime d’après leur valeur intrinsèque non-seulement Averroès et les savants juifs, mais encore les scolastiques du moyen âge ; il croit les entendre dire : « Nous vivrons éternellement, non pas dans ies écoles des éplucheurs de mots, mais dans ie monde des sages, où l’on ne discute pas sur la mère d’Andromaque ou sur les fils de Niobé, mais sur l’essence des choses

    ken, p. 301. Gubernatis, p. 184, le considère comme identique avec Andréa Alpago de Bellune, qui, dit-on, a fait également des études arabes el entrepris des voyages en Orient. Sur les études arabes en général, voir Gub., p. 173 ss. — Sur une traduction de l’arabe en italien, faite en 1431, comp, E. Narducci, Imorno ad una tradueione itaiiana di wia compotizione astrommica di Al/onso X, re di Castiglia, Rome, 1865. — Sur Ramusio, comp. Sansovino, Venezia, fol. 250.

  1. Gobernatis p. 188. Le premier livre contient des prières chrétiennes en langue arabe ; la première traduction italienne du Roran parut en 1547. Dès 1499 se trouvent dans l’ouvrage de polifilo (voir plus haut, p. 230, note 2) quelques caractères arabes naturellement assez peu corrects. — Pour le commencement des études égyptiennes, comp. Grecorovius, VIII, p. 304.
  2. Surtout dans la lettre importante de l’année 1485, lettre adressée â Ermolao Barbaro, dans Ang, PoUtiani epistolœ, 1. IX. — comp. Jo. Pici oraiio de kominis dignilate. Sur ce discours COmp. plus bas, 4* part., tout à fait â la fin ; U est plus longuement question de Pic dans la 6* partie, ch. IV.