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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

après sa mort (1437), la propriété du couvent de Saint-Marc, à condition qu’elle serait publique. Elle forme encore aujourd’hui une des parties les plus précieuses de la Bibliothèque Laurentienne.

Des deux bibliophiles les plus célèbres par leurs trouvailles, Guarino et le Pogge, ce dernier[1], agissant en partie pour le compte de Niccoli, explora aussi les abbayes de l‘Allemagne du Sud, à l‘occasion du concile de Constance Il trouva ainsi six discours de Cicéron, le premier Quintilien complet, ie manuscrit de Saint-Gall, connu aujourd’hui sous le nom de manuscrit de Zurich ; on dit qu’il ne lui fallut que trente-deux jours pour en faire une copie très-soignée. Il a complété dans leurs parties essentielles Silius Italicus, Manilius, Lucrèce, Valérius Flaccus, Ascon. Pedianus, Columelle, Celse, Aulu-Gelle, Stace. Frontin, Vitruve, Priscien et d’autres auteurs ; de concert avec Leonardo Aretino, il découvrit les donze dernières pièces de Plaute, ainsi que les Verrines, le Brutus et l‘Orateur de Cicéron.

Un Grec célèbre, le cardinal Bessarion[2], réunit par patriotisme antique 600 ouvrages traitant de sujets païens aussi bien que de sujets chrétiens ; il le fit au prix de sacrifices énormes (30,000 florins d’or), et chercha un lieu sûr où il pùt les conserver, afin que sa malheureuse patrie, si jamais elle recouvrait sa liberté, pût retrouver sa littérature perdue. La seigneurie de Venise se déclara prête à construire un local, et la bibliothèque de Saint-Marc possède encore aujourd’hui une partie de ces trésors[3].

  1. Vespa. Fior., p. 45 ? ss.
  2. Vespai. Fior., p. 193. Comp. Marin SiNuno, dans Murât., XXII, col. 1185 ss.
  3. Voir dans MaIIPIEUO, Ann. venet., Arek. üor., Vll, ii, p. 653, 655, comment on procéda à rinstallation provisoire. Comp. plus haut, p. 92.