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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

sait que ce deruier possédait un Homère grec qu’il admirait sans pouvoir le lire ; c’est sous les auspices, et non sans le concours de Boccace, qu’un Grec calabrais, nommé Leonzio Pilato, entreprit de faire en latin la traduction complète de l’Iliade et de l’Odyssée, tenlalive qui échoua misérablement[1]. Ce n’est qu’au quinzième Liècle que commence l’ère des découvertes, de la création systématique de bibliothèques au moyeu de copies, et que sc multiplient les traductions du grec en latin ou en langue vulgaire[2].

Sans l’ardeur passionnée de quelques collectionneurs d’alors, qui s’imposaient les plus durs sacrifices, nous ne posséderions cependant qu’une faible partie des auteurs grecs qui sont parvenus jusqu’à nous. Le pape Nicolas V, alors qu’il n’était que simple moine, s’était endetté pour acheter ou pour faire copier des manuscrits ; déjà, à ce moment de sa carrière, il avouait ouvertement qu’il partageait les deux grandes passions de ia Renaissance : celle des livres et celle des monuments[3]. Devenu pape, il resta fidèle à ses goûts ; il paya des copistes pour transcrire les œuvres de l’antiquité et des émissaires pour chercher partout des manuscrits anciens; Perotto reçut 500 ducats pour la traduction latine de Polybe, Guarino 1,000 florins d’or pour celle de Stra-

  1. Comp. sur ce sujet Petr. Epia. fam. ed. Fracass., L XVIII, 2, XXIV, 12, var.25, et les remarques de Fracassettî dans la traduc¬ tion italienne, t. IV, p. 92-101, V, p. 196 ss. Voir ie même auteur relativement au fragment d’une traduction d'Homère par Pilato.
  2. On sait que, pour exploiter les amateurs de Fantiquilé, on fabriqua des livres apocryphes. Voir dans les ouvrages d’histoire littéraire les articles qui concernent Annius de Viterbe.
  3. Vespas. Fior., p 31. Tommeuo da Serezana tuava dire, che dua cosa farehle, segli potesse mai spendere, ck’era in libri e murare. E Vuna e ïalira/aee nelsuo poniijicato. — Sur les traducteurs, voir dans Æn. Sylviüs, De Europa, cap. Lix, p. 459. Compar. surtout G. Voigt, Ib Renaissance de tantiquîlé classique, livre V,