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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

Il était assez naturel que ce poulife demandât aux abréviateurs de s’exprimer dans un latin classique ; lors de la guerre de Naples, n’avait-il pas amnistié les Arpinates comme étant des compatriotes de M. Cicéron ainsi que de Marins, dont le nom était encore très-commun parmi la population ? C’est à lui seul, en sa qualité de protecteur éclairé de l’archéologie, que Blondus pouvait et voulait dédier sa Roma triumpham, le premier essai d’une description complète de l’antiquité romaine[1].

À cette époque, cette ardeur à étudier les antiquités romaines avait naturellement gagné le reste de l’Italie. Déjà Boccace[2] appelle les ruines de Baies « de vieilles bâtisses, qui pourtant sont nouvelles pour des esprits modernes » ; depuis, elles passèrent pour la plus remarquable curiosité des environs de Naples. Déjà se formaient aussi des collections d’antiquités de tout genre. Ciriaco d’Ancône (mort en 1457), qui expliqua les monuments romains à l’empereur Sigismond (1433), parcourut non-seulement l’Italie, mais encore d’autres pays de l’ancien orbis terrarum, la Grèce et les îles de l‘Archipel, même certaines parties de l’Asie et de l’Afrique, et rapporta de ses pérégrinations une foule d’inscriptions, de médailles et de dessins ; quand on lui demandait pourquoi il se donnait tant de peine, il répondait que c’était pour ressusciter les morts[3] ! Leschroniques locales avaient de tout temps fait entendre que l’histoire des villes se rattachait à celle de Rome et qu’elles avaient toutes été fondées ou colonisées par la capitale du monde[4] ; depuis

  1. La première édition est datie de Briien.llSS.
  2. BOCCACCIO, Fiammella, cap. V. Opcr, ed. Moutier, VI. p. 91.
  3. Son ouvrage : Cariaci .lacoaiiam Iimeranum, ed. Mehis. Floren «, IV«. «ompar- I-®»"’»®» Airìut., Dccrla. di lalla Ifial.a.
  4. Citons deux exemples seulement : l’histoire fabuleuse de l’orl-