de devenir historien, résolution qu’a fait naître en lui l’aspect des ruines de Rome. Pétrarque, de son côté, nous fait connaître un autre sentiment, un sentiment qui se partage entre l’antiquité classique et l’antiquité chrétienne ; il raconte qu’il est monté souvent avec son ami Giovanni Colonna sur les voûtes gigantesques des Thermes de Dioclétien [1] ; là, dans cet air pur, dans ce profond silence, dominant ce vaste panorama, ils parlaient ensemble, non d’affaires, d’mtéréls domestiques et de politique, mais d’histoire ; leurs regards cependant se promenaient sur les ruines qui les entouraient de toutes parts. Dans ces entretiens, Pétrarque représentait surtout le passé, Giovanni le christianisme ; la philosophie et les inventeurs des arts formaient aussi le sujet de leurs discours. Que de fois, depuis ces grands hommes jusqu’à Gibbon et Niebuhr, ces raines admirables n’ont-elles pas inspiré aux historiens de grandes et fécondes méditations !
Ce double sentiment se retrouve encore dans le Dittamondo de Fazio degli Uberti, composé vers 1360 ; c’est la relation d’un voyage imaginaire où l’ancien géographe Solinus accompagne l’auteur comme Virgile accompagne Dante. De même qu’ils visitent Bari en l’honneur de saint Nicolas, le mont Gargano par dévotion à l’archange saint Michel, de même ils rappellent à Rome la légende d’Ara Cœeli et celle de sainte Marie du
- ↑ Epp, famihares, VI, 2, détails Sur Roine avâDt qu’il l’eût vue, et expression de son désir de voir cette ville. Epp./rm., ed. Fracass., vol. I, p. 125, 213 ; vol. II, p. 336 ss. ; compar. dans L. Geiger, Pétrarque, p. 272, note 3. Déjà Pétrarque se plaint du grand nombre d’édifices détruits et abandonnés, dont il fait Fénumération {De rmedii» utrimque fortunœ, lib. I, dial. 118) ; il fait cette remarque caractéristique qu’il existait d’innombrables statues antiques, mais pas un tableau (41).
