Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE II
ROME, LA VILLE AUX RUINES CÉLÈBRES.

Rome, la ville aux grandes ruines, n’est plus la même à nos yeux et n’inspire plus les mêmes sentiments qu’à l’époque où Guillaume de Malmesbury écrivait les « Merveilles de Rome » et son ouvrage d’histoire »[1]. L’imagination du pèlerin pieux comme celle du chercheur de trésors restent au-dessous de celle de 1 historien et du patriote. C’est dans ce sens qu’il faut entendre les paroles de Dante[2] : « Les pierres des murs de Rome méritent la vénération de tous, et le sol sur lequel la ville est bâtie est plus respectable que les hommes ne le disent. » Pourtant l’extrême fréquence des jubilés ne laisse guère de pieux souvenirs dans la littérature proprement dite ; ce que Giovanni Villani (p. 95) rapporte de plus précieux du jubilé de l’an 1300, c’est la résolution

  1. Dans Guill. Malmesb., Gesta regum Anglor., I- II, § 169, 170, 205, 206 (publié par Hardy, Londres, 1840, vol. I, p. 277 ss., p. 354 ss.), on trouve différentes fantaisies de chercheurs de trésors, puis Vénus comme objet d’un amour fantastique, enfin la du corps gigantesque de Pallas, fils d’Evandre, vers le milieu du onzième riècle. Comp. Jac. ab Aquis, Imago mundi (Hist. patr. mount, script., III, col. 1603), sur l’origine de la maison des Colonna, se rattachant à l’existence de trésors cachés. Outre d’autres histoires de trésors, Malmesbury mentionne aussi l’élégie d’Hildebert du Mans, évêque de Tours, qui est un des exemples les plus extraordinaires de l’enthousiasme humaniste qui régnait dans la première moitié du douzième siècle.
  2. Dante, Convito, Tratt., IV, cap. V.