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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

Toutefois, ce n’est qu’au quatorzième siècle que l’Italie tout entière se passionne réellement pour l’antiquité. Pour que le fait se produisît, il fallait des conditions d’existence qui ne se rencontraient que dans les vilies italiennes : réunion et égalité effective de la noblesse et de la bourgeoisie ; formation d’une société qui éprouvait le besoin de cultiver son intelligence et qui en avait le temps et les moyens. Mais, en rompant avec le moyen âge et ses erreurs, la culture ne pouvait pas arriver tout à coup, par voie de simple empirisme, à la connaissance du monde physique et du monde intellectuel ; il lui fallait un guide, et ce guide, elle le trouvait dans l’antiquité classique, qui s’offrait à elle avec son trésor de vérité objective et lumineuse. On lui emprunta l’idée et la forme avec reconnaissance, avec admiration ; elle fut d’abord l’élément principal de la culture moderne[1]. La situation générale de l’Italie était d’ailleurs favorable à celte révolution ; depuis la chute des Hohenstaufen, l’Empire du moyen âge avait renoncé à l’Italie ou ne pouvait s’y maintenir ; le Saint-Siège s’était transporté à Rome ; la plupart des puissances existant de fait avaient nue origine violente et illégitime ; quant à l’esprit de la nation, sorti de son long sommeil, il était à la recherche d’un idéal nouveau, d’un idéal durable, et c’est ainsi que l’Italie put réver une seconde fois la domination universelle et tenter de réaliser son rôve sous les auspices de Nicolas de Rienzi (voir plus haut, p. 17). À voir la manière dont il se mit à l’œuvre,

    antiques ; une fois, l’ayant nommée Blanchefleur. il ajoute le nom d’Hélène, comme pour réparer une erreur.

  1. Sylvius Ænéas {Opéra, p. 603, dans l’épil. 105, au duc Sigisuiond) montre dans une revue rapide comment l’antiquité peut servir de guide pour la solution de toutes les grandes questions de la vie.