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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

plus violents et l’indifférence complète à l’égard de la moralité du résultat. C’est ainsi que Machiavel lui-même conçoit, par exemple, le caractère de Stefano Porcaro (p. 99)  ; les documents officiels disent à peu près la même chose des assassins de Marie-Galéas Sforza (p. 57)[1] ; Varchi lui-même (dans le livre V) attribue le meurtre du duc de Florence Alexandre (1537) à l’ambition de Lorenzino de Médicis (voir plus haut, p. 59). Mais Paul Jove[2] fait ressortir ce motif avec bien plus de force encore : Lorenzino, mis au pilori par un pamphlet de Molza pour avoir mutilé des statues antiques à Rome, médite une action dont la « nouveauté » est destinée à faire oublier cette punition infamante, et il assassine son parent et son souverain. — Ce sont des traits qui peignent bien cette époque de passions violentes et de forces déréglées qui aboutissent à des actions aussi monstrueuses que l’incendie du temple d’Éphèse au temps de Philippe de Macédoine.

  1. Storie fiorentine, I. VI.
  2. Paul. Jov., Elogia vir. lit, ill., p. 192, à propos de Marius Molsa.