recueils de biographies contemporaines célèbres, comme ceux de Philippe Villani, de Vespasiano Fiorentino, de Bartolommeo Facio et de Paolo Cortese[1], enfin ceux de Paul Jove [2].
Quant au Nord, jusqu’au moment où l’influence de l’Italie s’étendit aux auteurs de cette région (par exemple, à Trithemius, le premier Allemand qui ait écrit des biographies d’hommes célèbres), il ne possédait que des légendes de saints, des histoires particulières et des monographies de princes et d’ecclésiastiques, œuvres qui s’appuient encore visiblement sur la légende et auxquelles l‘idée de la gloire, c’est-à-dire de la notoriété personnelle, est absolument étrangère. La gloire poétique est encore l’apanage exclusif de certaines castes, et, sauf au très-petit nombre d‘exceptions, nous n’apprenons à connaitre les noms des artistes du Nord qu’autant qu’ils jouent un rôle comme ouvriers et comme membres d’une corporation.
En Italie, au contraire, ainsi que nous l’avons fait remarquer, le poëte philologue sait pertinemment que c’est lui qui distribue la gloire, l’immortalité et aussi l’oubli [3]. Malgré le caractère idéal de sa passion pour Laure, Pétrarque dit que ses chants d’amour lui assureront l’immortalité à lui et à celle qu’il aime [4] ; Boccace se plaint d’une belle qu’il a chantée et qui l’a repoussé afin de l‘exciter à continuer de célébrer ses charmes et d’arriver ainsi à la gloire, et il lui fait entendre qu’il essayera dorénavant de la critique [5]. Dans deux de ses
