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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

avait médité autrefois[1], de même qu’on montrait près de Naples la scuola di Virgilio. Côme s’appropria les deux Pline [2], et, vers la fin du quinzième siècle, il immortalisa leur mémoire au moyen de deux statues assises, placées sous d’élégants baldaquins sur la façade de son dôme.

L’histoire et la topographie, cette science de récente origine, s’arrangent de manière à ne plus laisser dans l’oubli aucune gloire locale, tandis que les chroniques du Nord, en relatant l’exaltation des papes, l’avénement des empereurs, les tremblements de terre et l’apparition des comètes, se contentent de dire de temps à autre qu’à telle ou telle éqoque a aussi « fleuri » tel ou tel homme célèbre. Nous examinerons ailleurs comment, sous l’influence de l’idée de la gloire, la biographie a pris dans la littérature une place très-considérable ; pour le moment nous nous bornerons à parier da patriotisme local du topographe, qui enregistre les titres de gloire de sa ville natale.

Au moyen âge, les villes avaient été fières de compter des saints et de posséder leurs corps et leurs reliques dans les églises [3]. C’est par là que le panégyriste de Padoue, Michel Savonarola [4], commence encore son énumération en 1440 ; mais ensuite il passe à des « hommes célèbres qui n’ont pas été des saints, mais qui, par la distinction de leur esprit et l’éclat de leur talent (virtus)

  1. Compar. les D&mkrt Voyagé* de Seyssler, p. 1016.
  2. L'aîné était, comme on le sait, de Vérone.
  3. C’est ce qui est confirmé par l’écrit remarquable : De laudibus Papiœ (dans Murât., X), du quatorzième siècle ; il y avait beaucoup d’orgueil municipal, mais pas encore de gloire spéciale.
  4. Paiawt, dans Moràt., XXIV, col. 1138 ss. Selon lui, trois villes seulement peuvent 6e comparer à Padoue ; ce sont : Florence, Venise et Rome.