pereurs et des caveaux de saints, dans une compagnie plus honorable que celle que tu pouvais lui offrir, ô patrie ». Déjà alors on voyait parfois un fanatique prendre impunément les cierges de l‘autel et les mettre près du tombeau du poëte en disant : « Prends-les, tu en es plus digne que l‘autre, le crucifié[1]. »
Les villes italiennes se rappellent aussi leurs habitants et leurs concitoyens d’autrefois. Peut-être Naples n’avait-elle jamais oublié entièrement le tombeau de Virgile, dont le nom était resté légendaire ; Pétrarque et Boccace, qui séjournèrent tous deux dans cette ville, firent revivre le souvenir du cygne de Mantoue. Enfin, au seizième siècle, Padoue croyait posséder non-seulements les ossements de son fondateur troyen Anténor, mais encore ceux de Tite-Live [2]. « Sulmone, dit Bocage [3], se plaint qu’Ovide soit enveli dans la terre d’exil, tandis que Parme est heureuse de se dire que Cassius repose dans ses murs. » Dès 1267, les Mantouans frappaient une médaille représentant le buste de Virgile et érigeaient une statue qui devait figurer le grand poëte [4] ; dans un mouvement d’orgueil féodal, le tuteur du Gonzague d’alors, Charles Malatesta, la fit renverser en 1392 ; mais il fut obligé de la faire remettre sur son piédestal, et de satisfaire à l’opinion publique qui commandait le respect de cette gloire antique. Peut-être montrait-on déjà alors à deux milles de la ville la grotte où, dit-on, Virgile
- ↑ Franco Sacchetti, Nov. 121.
- ↑ Ceux d’Anténor sont dans le sarcophage célèbre de S. Lorenzo, ceux de TUe-Live au-dessus d’une porte du Palazzo délia ragiune. Pour la manière dont ils ont été découverts en 14i3, voir dans Misson, Voyage en Italie, vol. I, et Mich. SaVONAROLA (voir plus bas, p. 184, note 4), col. 1157.
- ↑ Vita di Dante, L c. Comment le corps de cassius a-t-il pu être transporté à Parme après la bataille de Philippes ?
- ↑ Voir à l’appendice n* 2,
