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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

moins à cause des quelques lignes qu’il a consacrées aux artistes de son temps que parce qu’il renferme des indications d’une plus haute portée ; bientôt il devint aussi une source d’inspiration[1].

Le quinzième siècle surtout a été fécond en hommes remarquables par la variété de leurs connaissances et de leurs aptitudes. Il n’y a pas de biographie dont le héros ne possède les talents les plus divers. Souvent le négociant, l’homme d’Élat florentin est un savant qui connaît à fond les deux langues anciennes ; les humanistes les plus célèbres sont obligés de lui faire, à lui et à ses fils, des leçons sur la Politique et sur l’Éthique d’Aristote[2] » ; même les filles de la maison reçoivent l’instruction la plus variée ; du reste, c’est principalement dans ces sphères qu’il faut chercher les premiers exemples de haute culture dans la famille. L’humaniste, de son côté, est mis en demeure d’élargir le plus possible le cercle de ses connaissances, attendu que son savoir philologique ne doit pas servir, comme aujourd’hui, à la connaissance objective de l’âge classique, mais qu’il doit trouver son application à la vie de tous les jours. Tout en se livrant à ses études sur Pline[3], par exemple, il forme une collection d’objets d’histoire naturelle ; il part de la géographie des anciens pour devenir un cosmographe

  1. Les anges qu’il peignit sur des tablettes, le jour anniversaire de la mort de Béatrice (Vita nuova, p, 61), pourraient bien avoir été autre chose qu’une fantaisie d’amateur. Lion. Aretino dit qu’il dessinait egregiamente et qu’il était grand amateur de musique.
  2. Sur ce fait et sur ce qui suit, comp. surtout Vespasiano Fioren-TiNO, qui est une source de premier ordre pour l’histoire de la culture & Florence au quinzième siècle. Voir p. 359, 379, 401, etc. — Puis la belle et instructive Vita Jannoetü Manetti (né en 1396), par Naldus Naldius, dans Murat., XX, p. 529-608.
  3. Ce qui suit est emprunté au portrait de Pandolfo Collenuccio par Perticari, dans Roscoe, Leone X, ed. Bossi, III, p. 197 ss., et dans les Opere del Conte Perticari, Mil., 1823, vol. II,