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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

hâté la réconciliation, qui dut être scellée par la soumission définitive des Florentins à la famille des Médlcis, à laquelle appartenait le Pape. Le nouveau duc, qui est en même temps neveu du Pontife, Alexandre de Médicis, épouse la fille naturelle de l’Empereur.

Dans la suite, Charles continua de dominer le Salnt-Siége par l’idée d’un concile ; il pouvait à la fois l’opprimer et le protéger. Quant au danger de la sécularisation, à ce danger intérieur que les Papes et leurs neveux eux-mémes avaient créé, il était écarté pour des siècles par la Réforme d’Allemagne. De même que celle-ci avait seule rendu possible et heureuse la campagne dirigée contre Rome (1527), de même elle força la papauté à redevenir l’expression d’une puissance toute spirituelle en se mettant à la tète de tous les adversaires des nouvelles doctrines et en sortant de « l’état d’abaissement où l’avaient fait tomber des préoccupations d’ordre purement matériel ». Ce qui va surgir dans les dernières années de Clément VII, sous Paul III, Paul IV et leurs successeurs, au milieu de la défection de la moitié de l’Europe, c’est une hiérarchie toute nouvelle, entièrement régénérée, qui évitera les dangers et les scandales intérieurs, particulièrement le népotisme[1], et qui, d’accord avec les princes catholiques, animée d’un zèle ardent pour les intérêts de l’Église, ne travaillera qu’à regagner ce qu’elle a perdu. Elle n’existe et ne se comprend que par le contraste qu’elle fait avec les apostats. Dans ce sens on peut dire vraiment que, sous le rapport moral, la papauté a été sauvée par ses ennemis mortels.

Quant à sa situation politique, elle se fortifia aussi sous la surveillance permanente de l’Espagne, il est vrai,

  1. Les Farnèse réussirent encore à abaisser les Caraffa.