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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

dangers la conspiration des cardinaux Petrucci, Bandinelli de Saulis, Riario, Soderini et Corneto (1517), parce qu’elle ne pouvait avoir pour conséquence qu’un changement de personne tout au plus ; aussi Léon X trouva-t-il le vrai remède au mal ; il nomma trente-neuf nouveaux cardinaux, et cette extension extraordinaire du Sacré Collège fut bien vue, parce qu’elle récompensait en partie le vrai mérite[1].

Mais rien n’était plus dangereux que certaines voies dans lesquelles Léon X s’engagea pendant les deux premières années de son pontificat. Il entama des négociations très-sérieuses dans le but de donner à son frère Julien le royaume de Naples et à son neveu Laurent un grand royaume de Haute Italie, qui aurait compris Milan, la Toscane, Urbin et Ferrare[2]. Il est évident que les États de l’Église, ainsi encadrés, seraient devenus un apanage des Médicis, et qu’on n’aurait même plus eu besoin de les séculariser.

Les événements politiques firent échouer ce projet ; Julien mourut de bonne heure (1516) ; afin de pourvoir Laurent, Léon X entreprit de chasser le duc d’Urbin, François-Marie della Rovere. Il s’attira par cette guerre des haines violentes, s’appauvrit pour soutenir la lutte, et fut obligé, à la mort de Laurent (1519), de donner à l’Église ce qu’il avait conquis au prix de tant de sacri-

  1. D’après Ziegler, Historia Clmentis VII, dans Schelhorn, Amœnit. hist. eccl., II, 302, elle lui aurait, de plus, rapporté 500,000 florins d’or ; l’Ordre des Franciscains, dont le général, Christophe Numalio, devint aussi cardinal, en paya 30,000 à lui seul ; ou trouve le détail des sommes versées par les intéressés dans Senuto, vol. XXIV, fol. 227 ; pour l’ensemble, compar. Gregorovius, VIII, p. 214 ss.
  2. Franc. Vettori, p. 301. — Arch. stor., append. I, p. 293 ss. — Roscoe, Leone X, ed. Bossi, VI, p. 232 SS. — Tommaso Gar, p. 42.