d’ailleurs bieu trouvé à une époque où il fallait être enclume ou marteau, et où la personnalité était plus puissante que le droit le moins contesté. Mais si, malgré sa devise ambitieuse : « Il faut chasser les Barbares », il contribua plus que tout autre à assurer la domination espagnole en Italie, ce fait pouvait paraître indifférent, peut-être même avantageux pour le Saint-Siège. L’Église ne pouvait-elle pas s’attendre à être respectée par l’Espagne plus que par toute autre puissance[1], pendant que les princes italiens ne nourrissaient peut-être à son égard que des projets coupables ? Quoi qu’il en soit, cet homme d’une si puissante originalité, qui ne savait ni dissimuler sa colère ni cacher ses sympathies, faisait en somme l’impression, éminemment favorable à sa cause, d’un « Pontefice terribile ». Il put même se risquer à réunir un concile à Rome et faire taire ainsi toute l’opposition européenne qui réclamait un concile à grands cris. À un souverain de cette trempe il fallait un symbole grandiose de son caractère et de ses idées ; ce symbole, Jules II le trouva dans la construction du dôme de Saint-Pierre ; l’ordonnance de cet édifice, telle que la voulait Bramante, est peut-être la plus magnifique expression de l’unité dans la puissance en général. Mais on voit, même dans les autres arts, le perpétuel souvenir et, pour ainsi dire, l’image de ce Pape, et il n’est pas sans intérêt de rappeler que la poésie latine trouva, pour chanter Jules II, des accents autrement inspirés que ceux qu’elle avait fait entendre en l’honneur de ses prédécesseurs. Son entrée à Bologne. à la fin de l’Iter Julii
- ↑ Malgré rassertion de Giovio ( Vita Alphonti Dueis), il est fort heureux que Jules ait réellement espéré que Ferdinand le Catholique se laisserait décider par lui à rétablir sur le trône de Naples la branche secondaire de la maison d’Aragon, qui en avait été chassée.
