par un pape meilleur plutôt que de la papauté elle-même[1]. Le grand danger, le danger permanent et croissant de jour en jour qui menaçait le Saint-Siége, c’étaient Alexandre lui-même et surtout son fils César Borgia.
Chez le père, l’ambition, la cupidité et l’amour du plaisir s’unissaient à la force de caractère et à de brillantes qualités. Toutes les jouissances que peuvent donner l’exercice de la puissance et la sensualité, il les goûta pleinement dès le premier jour de son avènement au pouvoir. Tous les moyens sont bons pour arriver à ce but ; on put se dire dès la première heure que les sacrifices qu’il avait faits pour assurer son élection ne tarderaient pas à être largement compensés[2], et l’on prévit que les actes de simonie commis par lui pour obtenir des voix resteraient bien inférieurs à ceux qu’il commettrait après son exaltation. Ajoutez à cela que, grâce à ses fonctions de vice-chancelier et à d’autres emplois antérieurs, il connaissait mieux les sources de revenus possibles et savait mieux les exploiter en homme d’affaires que n’importe quel membre de la curie. Dès 1424 il arriva qu’un carméîite, Adamo de Gênes, qui avait prêché à Rome contre la simonie, fut trouvé dans son lit percé de vingt coups de poignard. Alexandre n’a peut-être pas nommé un seul cardinal sans avoir reçu au préalable des sommes considérables du postulant.
- ↑ V. appendice ïF 6, à la fin du volume.
- ↑ Cor.EO, fol. 450. — Malipiero, Ann. Veneti , Arch Stor VII, I, p. 318. — On voit entre autress dans Malipiero, p. 565, quelle devait être la rapacité de lonta la famille. Un neveu est magnifiquement reçu à Venise comme légat du Pape, et gagne des sommes colossales en vendant des dispenses ; au moment de son départ, ses domestiques volent tout ce qui leur tombe sous la main, même une pièce de brocart d’or qui parait le maître-autel d’une église de Murano.
