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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

la papauté si elle avait été en face d’adversaires vraiment résolus, sachant exploiter la haine et l’envie dont elle était l’objet.

Et c’est précisément au moment où la papauté a si peu de chances d’être soutenue par les princes étrangers, qu’elle est menacée des plus grands dangers à l’intérieur. Comme elle avait fini par vivre de la vie d’une principauté italienne séculière, elle dut aussi apprendre à connaître les vicissitudes d’une pareille existence, vicissitudes qui, pour elle, s’aggravèrent encore par suite des conditions particulières dans lesquelles elle se trouvait.

Pour ce qui concerne la ville de Rome, on a toujours fait semblant de ne pas craindre beaucoup ses colères, car plus d'un pape chassé par l’émeute est revenu dans sa capitale ; du reste, les Romains étaient obligés, dans leur propre intérêt, de désirer la présence de la curie. Toutefois, non-seulement Rome déploya de temps à autre un radicalisme antipapal[1], mais encore on vit dans les complots les plus menaçants Faction de mains étrangères, présentes bien qu’invisibles. C’est ce qui arria lors de la conjuration ourdie par Étienne Porcaro contre Nicolas V (1453), c’est-à-dire contre le Pape qui avait le plus fait pour Rome, mais qui avait irrité la population en enrichissant les cardinaux et en changeant la ville en une forteresse pontificale[2]. Porcaro voulait renverser Fautorité du Saint-Siège ; il avait de puissants

  1. Chez les hérétiques de Poli, qui croyaient qu’un vrai pane devait se reconnaître â la pauvreté du christ, on ne trouvait proha’ulement que les doctrines qu’on reproche aux Vaiulois. iNFtssüRA {Eccard, II, col. 1893) Plvtina. p. 137, etc., racontent comment ils ont été arrêtés sous Paul II.
  2. On retrouve ces sentiments dans le poème adressé au Pape, poëme cité par Gregorovius, VU, 136, note 1 (auteur Joseph (Bripius?), d’après VàneE.v, Laur, Valla: opusc, tria, Vienne, 1869, p. 23.