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CHAPITRE IX. — LA GUERRE COBSIDÉRÉE COMME UN ART.

cratiser en quelque sorte la guerre, non-seulement parce que les places les plus fortes avalent peur des bombardes, mais parce que l’hablIcté toute roturière de l’ingenieur du fondeur de canons et de l’artilleur commença à jouer le premier rôle dans les armées. On constata non sans douleur que la valeur de l’individu, qui était en quelque sorte l’âme des petites, mais excellentes armées mercenaires de l’Italie, devenait moins importante par suite de l’existence de ces engins qui détruisaient à distance et il y eut des condottieri qui résistèrent de toutes leurs forces à l’introduction dans leurs corps de ces arquebuses qui avaient été inventées récemment en Allemagne[1]. C’est ainsi que Paolo Vitelli fit crever les yeux et couper les mains aux arquebusiers ennemis qu’il avait faits prisonniers, « parce qu’il lui semblait monstrueux qu’un vaillant et noble chevalier fût blessé et tué par un vulgaire et vil fantassin [2] » ; mais, d’autre part, il admettait les canons et s’en servait lui-même. En somme, les inventions nouvelles firent leur chemin, et on les utilisa de son mieux ; aussi les Italiens devinrent-ils les maîtres de toute l’Europe en ce qui concernait la balistique et la fortification [3]. Des princes comme Frédéric d’Urbin et Alphonse de Ferrare acquirent dans ces connaissances spéciales une supériorité qui faisait pâlir même la réputation d’un Maximilien I». C’est l’Italie qui la première

  1. Pii II Commentarii, L, IV, p. 190, ad a. 1459.
  2. Les Créraonais surtout passaient pour habiles dans ce genre de travaux^ dans BiilMeca TOI I M, an, 1876, p. 214 et not. Les Vénitiens aussi se yJZm d y exceller : Egnitius, fol. 300 ss. vduiaient
  3. Ainsi s’exprime Paül Jove, E/ooia, p. isi et il iiîniifp • / muliœ cœdis avtât esse didicerant. Cela rappelle Frédéric d’Urbin