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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

Ces intrigues, ces ligues, ces armements, ces tentatives de corruption et ces trahisons forment ensemble l’histoire extérieure de l’Italie d’alors. Pendant longtemps Venise surtout fut l’objet des récriminations générales ; on l’accusait de vouloir conquérir toute l’Italie ou l’abaisser insensiblement de manière à forcer les États, réduits à l’impuissance, à se jeter les uns après les autres dans ses bras[1]. Cependant, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que ces cris d’alarme ne sortent pas du sein du peuple, mais de l’entourage des princes et des gouvernements, qui sont presque tous profondément détestés de leurs sujets, tandis que Venise, grâce à son régime un peu paternel, jouit de la confiance de tous[2]. Aussi Florence, avec ses villes sujettes toujours frémissantes, était-elle vis-à-vis de Venise dans une situation plus que fausse, même si l’on fait abstraction de la rivalité commerciale des deux villes et des progrès de Venise dans la Romagne. Enfin la ligue de Cambrai réussit réellement à affaiblir un État que l’Italie aurait dû soutenir de toutes ses forces réunies.

Tous les antres États ont à craindre et craignent en effet des usurpations réciproques, et sont fonjours prêts à se porter aux dernières violences. Ludovic le More, les Aragonais de Naples, Sixte IV, sans parler des princes

  1. Ainsi parle encore bien plus tard VAncni, Siof. jtor««., I, M.
  2. En 1467, Marie-Galéas Sforza dit bien le contraire à l’agent vénitien (c’est-à-dire que des sujets de Venise s’étaient offerts à îalîe avec lui la guerre à leur patrie); mais c’est là de la jactanco pure Compar. Maiipiiro, mneli, Arck. ttar., VII, i, P- Ta toute iirconstance. des yilles et des campagnes se donnent volontairement à Venise, sans doute après avoir souffert du régime despotique pendant que Florence est obligée de tenir dans une dépendance servile des à la liberté, ainsi que le tait remarquer Guichardin no 29).