Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE II
LA TYRANNIE AU QUATORZIÈME SIÈCLE

Les agissements des grands et des petits tyrans du quatorzième siècle montrent assez que des impressions de ce genre devaient porter leurs fruits. Leurs méfaits étaient monstrueux, et l’histoire les a enregistrés en détail ; mais, quand on examine le mécanisme politique de leurs États, on ne peut s’empêcher de reconnaître que cette étude présente un intérêt supérieur.

Le calcul raisonné de tous les moyens, calcul dont pas un prince étranger à l’Italie n’avait alors l’idée, et le pouvoir presque absolu que les souverains de la Péninsule exerçaient dans l’intérieur de leurs États, produisirent des hommes et des situations comme on n’en voyait pas ailleurs[1]. Pour les plus avisés parmi les tyrans, le principal secret de la domination consistait à laisser, autant que possible, les impôts tels qu’ils les avaient trouvés ou organisés à l’origine : c’est-à-dire un impôt foncier basé sur un cadastre, des impôts déterminés sur la consommation et des droits sur l’importation et sur l’exportation. À cela venaient s’ajouter les revenus particuliers de la maison régnante ; la seule possibilité d’élever le chiffre de l’impôt tenait à l’augmentation du bien-être général et à l’extension des

  1. Sismondi, Hist. des rép. italiennes, IV, p. 420 ; VIII, p. 1 ss.