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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

jusqu à ces formes hybrides qui préparaieot les voies au despotisme des Médicis, tout est décrit de telle façon que les mobiles les plus secrets des acteurs de ces drames politiques sont dévoilés et mis à nu [1]. Enfin, dans ses Histoires florentines (jusqu’en 1492), Machiavel conçoit sa ville natale tout à fait comme un êire vivant, et la marche de son développement comme le développement normal d’un individu ; il est le premier entre les modernes qui ait découvert ce point de vue. Il ne rentre pas dans notre dessein d’examiner si et sous quels rapports Machiavel s’est plus inspiré de son imagination que de la réalité, comme il l’a fait dans la biographie de Castruccio Castracane, de ce type de tyran dont il a fait un portrait de fantaisie. En lisant les Histoires florentines, on trouverait peut-être des objections à élever contre chaque ligne, et néanmoins la haute valeur, la valeur unique de l’œuvre subsisterait tout entière. Et ses contemporains et continuateurs ; Jacques Pitti, Guichardin, Segni, Varchi, Vettori, quelle pléiade de noms illustres ! Et quelle histoire que celle qui est retracée par ces maîtres ! Le spectacle grandiose et émouvant

  1. En ce qui concerne Côme (1433-1465) et son petit-fils Laurent le Magnifique (mort en 1492), l’auteur renonce à porter tout jugement sur la politique intérieure de ces princes. C’est surtout l’éloge de tous deux, notamment de Laurent, dans William Roscoe (Life of Lorenzo de’ Medici, called the Magnificent, d’abord Liverpool, 1795, 10e édition, Londres, 1851), qui paraît avoir provoqué une réaction. Cette réaction se montra d’abord dans Sismondi (Histoire des républiques italiennes, XI), dont Roscoe réfuta les jugements souvent trop absolus (Illustrations historical and critical of the Life of Lor, d. Med., London, 1822) ; plus tard dans Gino Capponi [Arckin. stor. ital., I (1842), p. 3t5 ss.), qui motiva et développa son appréciation dans Storia della república di Firenze, 2 voi. Flor., 1875. On peut renvoyer le lecteur au livre de Reümont, Laurent de Médicis, surnommé le Magnifique, 2 vol., Leipzig, 1874, ouvrage dont l’auteur possède pleinement son vaste sujet et où les faits sont jugés avec une parfaite impartialité.