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triomphe de ce qu’il avait ainsi pris les devants, le pied lui glissa, il tomba, et ne put se relever que lorsque Fidèle fut venu à son secours.

Je les vis ensuite faire route ensemble de bonne amitié, et s’entretenir l’un l’autre de tout ce qui leur était arrivé pendant leur pélerinage. Chrétien commença la conversation en ces termes : Mon bien-aimé frère, je suis charmé de vous avoir rattrapé et de ce que, par la grâce de Dieu, nous sommes maintenant tellement d’accord que nous pouvons cheminer ensemble dans ce joli sentier.

Fidèle. J’avais espéré, mon cher ami, que je jouirais de votre société dès le commencement de mon voyage ; mais vous aviez pris les devants, en sorte que j’ai été forcé de marcher seul jusqu’à présent.

Chrétien. Combien de temps êtes-vous resté dans la ville de Perdition après moi et avant d’entreprendre votre pélerinage ?

Fidèle. Jusqu’au moment où il m’a été impossible d’y rester plus longtemps. Bientôt après votre départ, le bruit a couru que, dans peu, notre ville serait entièrement consumée par le feu du ciel.

Chrétien. Comment ! Sont-ce les gens de la ville qui vous l’ont dit ?

Fidèle. Oui. Pendant quelque temps je n’ai pas entendu parler d’autre chose.

Chrétien. En vérité ! et n’y a-t-il que vous qui ayez voulu sortir de la ville et fuir le danger ?