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jeta par terre. Les armes de Chrétien s’échappèrent de ses mains dans sa chute, et il désespérait déjà de sa vie, lorsque Dieu permit qu’il ressaisît adroitement son épée au moment où son ennemi, se croyant sûr de la victoire, allait frapper le dernier coup. « Ne te réjouis point sur moi, mon ennemi, » s’écria-t-il ; « si je suis tombé, je me relèverai »[1] ; et, en prononçant ces mots, il porta à Apollyon un coup terrible qui le fit reculer comme un homme blessé à mort. Chrétien s’en aperçut, et le frappa de nouveau, en disant : « Dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés »[2]. Alors Apollyon déploya ses ailes de dragon et s’envola, et Chrétien ne le revit plus.

Il faudrait avoir été témoin du combat pour pouvoir se faire une idée des cris et des vociférations d' Apollyon, et des soupirs et des gémissements de Chrétien, pendant tout le temps que dura cette lutte. La figure de ce dernier ne cessa de porter l’empreinte de la tristesse, jusqu’au moment où il s’aperçut qu’il avait blessé son ennemi avec son épée à deux tranchant ; alors, il est vrai, un sourire anima sa physionomie, et il leva les yeux au ciel.

Quand le combat fut fini, Chrétien rendit grâces à celui qui l’avait délivré de la gueule des lions et rendu vainqueur des attaques de son ennemi.

En ce moment, une main parut, présentant à

  1. Mich. VII, 8.
  2. Rom. VIII, 37. Jacq. IV, 7.