Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de quelques-uns d’entre eux, elle est à leurs yeux la mort la plus belle et la plus glorieuse. Ils ne désirent et n’attendent pas une délivrance immédiate ; ils fixent leurs regards sur la félicité qui leur sera accordée, alors que leur Prince Tiendra dans « sa gloire » et dans celle des saints anges.

Apollyon. Tu lui as déjà été infidèle ; quelle raison as-tu donc de croire qu’il te paiera tes services ?

Chrétien. En quoi lui ai-je été infidèle ?

Apollyon. Tu as perdu courage dès le commencement de ta route, lorsque tu as manqué périr dans le Bourbier du découragement. Tu as eu recours à de mauvais moyens pour te délivrer de ton fardeau, tandis qu’il fallait attendre patiemment que ton Prince vînt t’en débarrasser. Tu t’es lâchement endormi, et pendant ton sommeil tu as perdu ton bien le plus précieux. Tu as été sur le point de rebrousser chemin à la vue des lions, et quand tu parles de ton voyage et de ce que tu as vu et entendu, il y a au-dedans de toi un secret désir de vaine gloire qui se mêle à toutes tes actions et à toutes tes paroles.

Chrétien. Tout cela est vrai, et vous êtes loin d’avoir dit tout ce qu’il y aurait à dire sur mon compte ; mais le Prince que je sers et que j’aime est miséricordieux, prêt à pardonner. D’ailleurs, toutes ces infirmités dont vous parlez, je les avais déjà quand j’étais dans votre pays, car c’est là qu’elles ont pris naissance ; mais j’ai pleuré sur mes péchés,