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ment lui avoir entendu dire à lui-même qu’il a pour les pauvres pèlerins le plus grand amour, un amour qui n’a jamais eu d’égal ; tellement qu’il s’est dépouillé de sa gloire par charité pour eux, et qu’il a déclaré ne vouloir pas habiter seul sur la montagne de Sion. Aussi a-t-il élevé au rang de princes plusieurs pèlerins de la plus humble et de la plus basse extraction[1].

Chrétien s’entretint de la sorte avec ses hôtes jusqu’à une heure fort avancée de la nuit ; et, après s’être recommandés à la protection de leur Seigneur, ils allèrent se livrer au repos : on conduisit le pèlerin à une chambre haute, dont la croisée donnait du côté de l’Orient ; le nom de cette chambre était la Paix, et il y dormit jusqu’au point du jour ; puis il se leva, et chanta une hymne.

Quand il eut rejoint ses compagnes de la veille, elles lui dirent qu’elles ne le laisseraient pas partir sans lui montrer les curiosités du lieu. D’abord elles le conduisirent dans un cabinet d’étude, où elles lui firent voir des objets de la plus haute antiquité, entre autres la généalogie du Seigneur de la colline, fils de l’Ancien des jours ; elles lui montrèrent aussi le registre de toutes les actions qu’il a faites, et les noms d’une multitude de personnes qu’il a prises à son service et qu’il a placées dans des demeures impérissables à l’abri des ravages du temps.

  1. 1 Sam. II, 8. Ps. CXIII, 7.