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Charité. Caïn haïssait son frère[1], « parce que ses propres œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes. » Si c’est par une raison semblable que votre femme et vos enfants se sont scandalisés de vous, ils ont montré par là l’endurcissement de leur cœur, et leur sang ne vous sera pas redemandé[2].

Ils s’entretinrent ainsi ensemble jusqu’à l’heure du souper. Lorsqu’il fut prêt, ils se mirent à table : on leur servit un banquet de choses exquises et de vins délicieux. Leur conversation, pendant le repas, roula tout entière sur le Seigneur du lieu, sur ce qu’il avait fait, sur les raisons qui l’avaient déterminé à agir comme il lavait fait, et sur celles qui l’avaient porté à bâtir cette maison ; je compris, par ce que j’entendis dire, que ce Seigneur avait été un grand guerrier ; qu’il avait combattu et vaincu celui qui avait l’empire de la mort[3], mais non sans courir lui-même de grands dangers, ce qui augmenta encore mon amour pour lui ; car je suis persuadé qu’il a, comme on l’assure, versé son sang dans cette lutte ; et, ce qui rehausse sa gloire et sa miséricorde dans tout ce qu’il a fait, c’est qu’il n’a eu d’autre mobile que l’amour le plus pur et le plus désintéressé pour son pays. D’ailleurs, quelques personnes de sa maison, qui m’ont dit l’avoir vu et lui avoir parlé, depuis sa mort sur la croix, affir-

  1. 1 Jean III, 12.
  2. Ezech. III, 19.
  3. Heb. II, 14, 15.