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mauvais sentiments qui, dans d autres moments, sont pour vous un sujet d’affliction et d’angoisse ?

Chrétien. Oui ; mais, hélas ! ce bonheur m’arrive bien rarement.

Prudence. Vous souvenez-vous comment vous parvenez à triompher de ces sensations ?

Chrétien. Oui ; j’y parviens quand je réfléchis à ce que j’ai vu au pied de la croix, ou quand je regarde le magnifique vêtement qui m’a été donné, ou aussi quand je lis dans le rouleau de parchemin que je porte dans mon sein, ou enfin quand la pensée du lieu où je vais m’anime et m’encourage.

Prudence. Qu’est-ce qui vous inspire un si vif désir de parvenir à la montagne de Sion ?

Chrétien. L’espérance d’être avec celui que j’ai vu suspendu à la croix, et qui maintenant est vivant, et celle d’être à jamais débarrassé de tout ce qui entrave maintenant mon voyage : on dit que sur la montagne de Sion la mort ne sera plus, et que j’y habiterai avec ceux dont j’apprécie le plus la société[1] ; et, pour dire vrai, j’aime celui qui m’a délivré de mon fardeau ; je suis fatigué de la maladie de mon ame ; je voudrais être déjà dans ce séjour où je ne mourrai plus, et au milieu de ceux qui chantent continuellement : « Saint, saint, saint est l’Éternel des armées.

Charité demanda ensuite à Chrétien s’il était marié et s’il avait des enfants.

  1. Es. XXV, 8. Apoc XXI, 3, 4.