Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chemin à faire, j’aurais volontiers passé une année dans la demeure de ce brave Interprète.

Piété. Et qu’avez-vous encore vu pendant votre voyage ?

Chrétien. Un peu plus loin, j’arrivai devant une croix à laquelle était attaché un homme dont le sang coulait ; et à cet aspect, je sentis le pesant fardeau sous lequel je gémissais, tomber de dessus mes épaules. Jamais je n’avais vu ni éprouvé rien de semblable, et tandis que, dans mon étonnement, je considérais attentivement la croix, sans pouvoir en détourner mes regards, trois personnages resplendissants de lumière s’approchèrent de moi : le premier me déclara que mes péchés m’étaient pardonnés, le second me dépouilla de mes haillons et me donna les magnifiques vêtements que je porte ; le troisième mit sur mon front la marque que vous y voyez, et me remit ce rouleau de parchemin fermé d’un sceau. En disant ces mots, il tira le rouleau de son sein.

Piété. Mais ce n’est pas là tout ce que vous avez vu ?

Chrétien. Je vous ai parlé des choses les plus remarquables : j’ai rencontré encore trois hommes nommés Inconsidéré, Paresseux et Présomptueux, qui étaient endormis à côté du chemin, et qui avaient des fers aux pieds ; mais je n’ai pu réussir à les réveiller. J’ai aussi vu Formaliste et Hypocrite passer par-dessus la muraille, pour se rendre, disaient-ils, à Sion ; mais ils ne tardèrent pas à s’éga-