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tandis que, poursuivi par la crainte de périr et ne sachant de quel côté fuir, je répandais des torrents de larmes et tremblais à la pensée du danger qui me menaçait, un homme, nommé Évangéliste, vint à moi et me dit que je devais passer par la porte étroite ; il m’en indiqua le chemin, que je n’aurais jamais pu trouver sans lui, et c’est ainsi que je suis parvenu jusqu’ici.

Piété. Mais n’avez-vous pas passé par la maison de l’Interprète ?

Chrétien. Oui ; j’y ai vu des choses que je n’oublierai jamais. D’abord, comment Christ opère, en dépit de Satan, son œuvre de grâce dans l’ame ; ensuite comment l’homme peut se priver par ses péchés de tout espoir de miséricorde. J’ai rencontré aussi chez l’Interprète l’homme qui avait rêvé que le jour du jugement dernier était arrivé.

Piété. Vous a-t-il raconté son rêve ?

Chrétien. Oui ; c’était un rêve affreux ; j’ai frémi en le lui entendant raconter : cependant je suis bien aise qu’il m’en ait fait le récit.

Piété. Est-ce là tout ce que vous avez vu chez l’Interprète ?

Chrétien. Non ; il m’a encore montré un palais magnifique, dont les habitants avaient des vêtements d’or, et dans lequel j’ai vu pénétrer un vaillant homme qui s’est frayé un chemin au travers des soldats armés qui en défendaient l’entrée, et qui a ensuite obtenu une gloire éternelle. Si je ne m’étais pas rappelé que j’avais encore beaucoup de