CHAPITRE VIII.
Je vis alors que Chrétien pressait le pas afin d’aller, si possible, loger, pour cette nuit, dans le Palais magnifique. Il n’en était pas très-éloigné, et venait d’entrer dans un passage étroit qui n’était qu’à environ deux cents pas de la loge du portier, lorsque, regardant attentivement devant lui, il aperçut des deux côtés du chemin les deux lions. Je vois maintenant, se dit-il, ce qui a fait reculer Timide et Défiant. (Les lions étaient enchaînés, mais Chrétien ne voyait pas leurs chaînes.) Saisi de frayeur, et croyant voir la mort devant lui, il était sur le point de retourner aussi en arrière. Mais le portier du palais, dont le nom était Vigilant, s’apercevant que Chrétien s’arrêtait tout court, et faisait mine de s’en retourner, lui cria : Avez-vous donc si peu de courage ? N’ayez pas peur de ces lions, car ils sont enchaînés ; ils ne sont là que pour éprouver la foi des fidèles et pour manifester l’in-