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gardèrent Chrétien. Je ne vois point de dangers, dit Inconsidéré. — Encore un peu de sommeil, dit Paresseux. — Où la chèvre est attachée il faut qu’elle broute, s’écria Présomptueux ; et, là-dessus, ils se rendormirent tous les trois, et Chrétien se remit en route.

Il était peiné cependant de penser que des hommes exposés à un si grand danger fissent si peu de cas de la compassion qu’il leur avait témoignée, et méprisassent ainsi ses avertissements, ses exhortations et ses offres de service. Pendant qu’il déplorait en lui-même le sort que ces malheureux se préparaient, il aperçut deux hommes qui venaient d’entrer dans le chemin étroit qu’il suivait lui-même, en passant par dessus la muraille. L’un d’eux se nommait Formaliste, et l’autre Hypocrite. Quand ils furent près de lui, il leur parla en ces termes :

D’où venez-vous, messieurs, et où allez-vous ? Ils répondirent : Nous sommes nés dans le pays de Vaine-Gloire, et nous allons à la montagne de Sion, afin d’être approuvés et applaudis.

Chrétien. Pourquoi n’avez-vous pas passé par la porte qui est à l’entrée du chemin ? Ne savez-vous pas qu’il est écrit : « Celui qui n’entre pas par la porte, mais qui monte par ailleurs, est un larron et un voleur[1]. »

Ils répondirent que tous leurs compatriotes étaient

  1. Jean X, 1.