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dans la route de la cité céleste, et j’étais même plein de joie à l’idée d y entrer.

Chrétien. Et qu’êtes-vous donc maintenant ?

L’Homme. Je suis un misérable, en proie au désespoir, enfermé dans cette cage de fer, sans aucune espérance d’en jamais sortir.

Chrétien. Mais comment êtes-vous tombé dans ce déplorable état ?

L’Homme. Je cessai de veiller, et d’être sobre ; je lâchai la bride à mes passions ; je péchai contre la lumière de la parole, et contre la bonté de Dieu ; je contristai le Saint-Esprit, et il s’est éloigné de moi ; je donnai lieu au Diable, et il s’est emparé de moi ; je provoquai la colère de Dieu, et il m’a abandonné. J’ai tellement endurci mon cœur, que je ne puis plus me repentir.

Alors Chrétien dit à l’Interprète : N’y a-t-il donc point d’espoir pour cet homme ?

Demandez-le-lui, répondit l’Interprète.

Chrétien. N’avez-vous aucune espérance de sortir de ce lieu de désespoir ?

L’Homme. Aucune.

Chrétien. Pourquoi ? Le Fils de Dieu est plein de compassion.

L’Homme. Je l’ai crucifié de nouveau ; je l’ai rejeté[1] ; j’ai méprisé sa justice ; j’ai tenu son sang pour une chose profane ; j’ai outragé l’Esprit de

  1. Heb. VI, 6. Luc XIX, 14.