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lui-même quelques blessures, par se frayer un chemin et pénétrer dans le palais. En cet instant, ceux qui se promenaient sur le faite du palais se mirent à répéter d’une voix mélodieuse : Entrez dans ce bienheureux séjour, où, pour prix de la victoire, vous jouirez d’une gloire éternelle. Dès que cet homme fut entré, on lui mit une robe d’or, semblable à celle que portaient les habitants du palais. Alors Chrétien se mit à sourire, en disant : Je crois comprendre ce que cela signifie.

Chrétien se disposait à partir, quand l’Interprète lui dit : « Attendez, j’ai encore quelque chose à vous montrer, » et le prenant par la main, il le mena dans une chambre très-obscure, où ils trouvèrent un homme assis dans une cage de fer. Cet homme paraissait fort triste ; les yeux fixés vers la terre et les mains jointes, il poussait des gémissements qui semblaient s’échapper du fond de son cœur. Que signifie ceci ? dit Chrétien.

Questionnez cet homme vous-même, dit l’Interprète.

Qui êtes-vous ? demanda Chrétien à ce malheureux.

Je suis, répondit celui-ci, ce que je n’étais pas autrefois.

Chrétien. Qu’étiez-vous donc autrefois ?

L’Homme. J’étais un homme très-religieux à mes propres yeux et aux yeux des autres[1]. Je me croyais

  1. Luc VIII, 13.