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La poussière représente notre corruption naturelle, les péchés qui souillent notre ame tout entière. L’homme qui a commencé à balayer est la Loi, et la personne qui a apporté de l’eau et qui a arrosé, représente la Grâce. Vous avez vu que lorsqu’on s’est mis à balayer, la poussière s’est élevée de tous côtés, en sorte qu’il a été impossible de nettoyer la chambre, et que vous en avez été presque suffoqué. Apprenez de là que bien loin que la loi puisse purifier le cœur de l’homme, elle ne fait que rendre le péché plus vivant et plus actif en lui ; elle le manifeste et le condamne[1] ; mais elle ne donne pas la force de le vaincre. Cette jeune personne, qui est venue arroser, afin qu’on pût ensuite nettoyer parfaitement la chambre, vous offre une image de l’Évangile, répandant ses douces et sanctifiantes influences dans le cœur. Il triomphe du péché et purifie l’ame, comme l’eau dont on a arrosé la chambre a abattu la poussière et l’a fait disparaître. Par la foi à l’Évangile, le cœur est sanctifié et mis en état de recevoir le Roi de gloire[2]. Je vis ensuite que l’Interprète prit Chrétien par la main et le mena dans un petit cabinet où il y avait deux enfants. L’aîné se nommait Passion et l’autre Patience. Passion avait l’air très-mécontent, et Patience l’air calme en serein. Chrétien demanda à l’Interprète quelle était la cause du mécontentement de Passion. L’Interprète

  1. Rom. VII, 5. i. Cor. XV, 56. Rom. V, 20.
  2. Jean XV, 3. Eph. V, 26. Act. XV, 9. Rom. XVI, 25, 26. Jean XV, 7-10.