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montagne au pied de laquelle se trouvait Chrétien. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête, et il entendit retentir ces paroles : « Tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction, puisqu’il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. »[1].

Chrétien n’attendait plus que la mort. Il commença à se plaindre amèrement, maudissant l’heure à laquelle il avait rencontré Sage-Mondain, et ne cessant de se traiter lui-même de fou et d’insensé, pour avoir prêté l’oreille à ses avis. Il était aussi tout honteux de penser que des considérations toutes charnelles eussent eu assez d’ascendant sur lui pour lui faire quitter le bon chemin. Il se tourna de nouveau du côté d’Évangéliste et lui dit : Monsieur, que vous en semble ? y a-t-il encore quelque espérance pour moi ? Puis-je encore retourner sur mes pas et me diriger du côté de la porte étroite ? Ne serai-je point abandonné et rejeté avec mépris à cause de mon péché ? Je me repens d’avoir suivi le conseil de cet homme ; mais mon péché peut-il m’être pardonné ?

Évangéliste répondit : Votre péché est très-grand, car vous avez eu deux torts : vous avez abandonné le bon chemin, et vous êtes entré dans une voie défendue. Cependant, prenez courage ; l’homme que

  1. Gal. III, 10.