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du sentier de la paix, et cela au péril de votre ame.

A ces mots, Chrétien tomba anéanti aux pieds d’Évangéliste en s’écriant : Malheur à moi, je suis perdu. — Mais Évangéliste, le voyant dans cet état, le prit par la main et lui dit : « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du père, savoir Jésus-Christ, le Juste[1]. Ne sois pas incrédule ; mais crois »[2]. Ces paroles rendirent un peu de courage à Chrétien. Il se releva et se tint debout devant Évangéliste qui poursuivit en ces termes : L’homme que vous avez rencontré s’appelle Sage-Mondain, et c’est à juste titre qu’il est ainsi nommé, car il ne goûte que la doctrine du monde[3], et c’est pour cela qu’il va toujours à l’église dans le Bourg de la Morale. Cette doctrine du monde lui plaît, parce qu’elle le délivre du joug de la croix, et parce qu’il est affectionné aux choses de la terre. — De là vient qu’il cherche à traverser mes voies, quoiqu’elles soient justes et droites. Vous devez détester avec horreur le conseil que cet homme vous a donné : en premier lieu, parce qu’il vous a détourné de votre route ; et vous devez vous détester vous-même pour avoir eu la faiblesse de suivre son avis ; car en agissant ainsi vous avez rejeté le conseil de Dieu pour prendre conseil d’un sage selon le monde. Le Seigneur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite[4], » c’est-à-dire, par la porte que je vous ai

  1. 1 Jean, II, 1.
  2. Jean XX, 27.
  3. 1 Jean IV, 5.
  4. Luc XIII, 24.