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et des hommes prêts à nous recevoir. Mais Chrétien répondait : C’est vous, c’est vous qu’ils attendent ; vous qui avez été plein d’espérance depuis que je vous connais. Mais vous l’avez été aussi, répondit Grand-Espoir. Ah ! mon frère, répliquait Chrétien, si mon cœur était droit devant Dieu, assurément il me tendrait maintenant la main ; mais, à cause de mes péchés, il m’a laissé tomber dans ce piège, et m’y abandonne. Mon frère, répondit Grand-Espoir, vous avez oublié qu’il est dit des méchants, dans l’Écriture : « Il n’y a point d’angoisse en leur mort, mais leur force est en son entier. Ils ne sont point en travail, et ne sont point battus avec les autres hommes »[1]. Les angoisses et la détresse que vous éprouvez dans ces eaux ne montrent point que Dieu vous ait abandonné ; ce sont des épreuves destinées à faire voir si vous vous souvenez de tous les témoignages que vous avez déjà reçus de la bonté de Dieu, et si vous vous confiez en lui, au milieu de toutes vos souffrances.

Chrétien réfléchit pendant quelques instants à ce que son compagnon de voyage venait de lui dire, et celui-ci ajouta : Aie bon courage ; Jésus-Christ te guérit. À ces mots, Chrétien s’écria à haute voix : Ah ! je le revois maintenant ; je l’entends me dire : « Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi ; et quand tu passeras par les fleuves, ils ne te noieront

  1. Ps. LXXIII, 4, 5.