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CHAPITRE III.


Chrétien, trompé par les avis de Sage-Mondain, se détourne de son chemin et court de grands dangers. Mais ayant heureusement rencontré Évangéliste, qui le remet dans la bonne route, il continue son voyage.

Or, comme Chrétien poursuivait solitairement sa route, il vit un homme qui venait à lui par un chemin de traverse, et qui ne tarda pas à l’aborder. C’était un certain monsieur Sage-Mondain qui demeurait dans la cité de Prudence-Charnelle, grande ville voisine de celle d’où venait Chrétien. Cet homme, frappé de la démarche pleine de tristesse, des soupirs et des gémissements de Chrétien dont il avait ouï parler (car sa sortie de la ville de Perdition avait fait grand bruit de tous côtés), lui adressa la parole en ces termes :

Qu'avez-vous, mon brave homme ? Où voulez-vous aller avec ce pesant fardeau ?

Chrétien. Hélas ! vous avez bien raison de dire qu’il est pesant ; jamais personne n’en a porte un plus lourd. — Et puisque vous désirez savoir où je vais, sachez que je m’achemine vers la porte étroite qui est là devant moi. On m’assure que