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le jardinier, ils lui demandèrent à qui appartenaient ces beaux vergers et ces jardins magnifiques. Ils appartiennent au Roi, leur répondit-il ; ils ont été plantés pour son agrément et pour la consolation des pèlerins[1]. Alors le jardinier les conduisit dans la vigne, et les invita à prendre du raisin pour se rafraîchir ; il leur montra aussi les promenades et les bosquets favoris du Roi, et ils s’y arrêtèrent pour dormir. Puis je les entendis parler pendant leur sommeil plus qu’ils ne l’avaient fait dans tout le cours de leur voyage. Le jardinier, remarquant avec quelle attention je les observais, me dit : Qu’est-ce qui excite ainsi votre étonnement ? Il est dans la nature du fruit de ces vignes de causer, à ceux qui en mangent, un sommeil si doux, qu’ils parlent alors même qu’ils sont endormis.

Les voyageurs étant réveillés, résolurent de monter à la Cité céleste ; mais la réflexion des rayons du soleil sur la ville, qui était d’or pur, était si éblouissante qu’ils ne pouvaient encore la contempler qu’à l’aide d’un instrument propre à en diminuer l’éclat[2]. Comme ils approchaient, ils rencontrèrent deux hommes dont les vêtements brillaient comme de l’or, et dont le visage était resplendissant comme la lumière.

Ces hommes demandèrent aux pèlerins d’où ils venaient, dans quels endroits ils avaient logé, quelles

  1. Deut. XXIII, 24.
  2. Apoc. XXI, 21 ; 2 Cor. V, 7.