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Chrétien. Pourquoi ? Êtes-vous las de notre conversation ?

Grand-Espoir. Non, en vérité ; mais je voudrais savoir où nous sommes.

Chrétien. Nous n’avons plus qu’une demi-heure de marche, et nous aurons dépassé ces lieux dangereux. Mais revenons au sujet de notre entretien. Les ignorants ne savent pas que les convictions de péché qui les alarment ont pour but le bien de leur ame, et ils travaillent à les étouffer.

Grand-Espoir. Et quels moyens emploient-ils pour y parvenir ?

Chrétien. 1° Ils se persuadent que les craintes qu’ils conçoivent sur leur état leur sont inspirées par le Démon (quoique dans le fait ce soit Dieu qui les fait naître dans leur ame), et dans cette idée ils combattent ces convictions de péché, comme si elles devaient les conduire à leur perte ; 2° ils s’imaginent aussi que ces craintes peuvent renverser leur foi, tandis, hélas, qu’ils n’ont point de foi ; et ils endurcissent leur cœur contre elles ; 3° ils se flattent présomptueusement de n’avoir rien à craindre, et il en résulte que, malgré ces inquiétudes secrètes, ils se plongent de plus en plus dans la fausse sécurité ; 4° ils sentent que ces craintes tendent à leur ôter l’idée qu’ils ont conçue de leur prétendue sainteté, et par cette raison encore ils les combattent de toutes leurs forces.

Grand-Espoir. Ce que vous dites, je l’ai éprouvé moi-même avant de me connaître.