Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur leur état ; mais leur ignorance les empêche de croire que ces convictions de péché tendent à leur bien ; et en conséquence ils travaillent de toutes leurs forces à les étouffer, et persistent avec une extrême présomption à se flatter eux-mêmes dans les voies de leur propre cœur.

Grand-Espoir. Je crois, en effet, que la crainte est fort utile aux hommes qui font le pélérinage de la Cité céleste.

Chrétien. Assurément, si c’est une crainte religieuse ; car la parole dit : « La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse »[1].

Grand-Espoir. Qu’est-ce qui caractérise la crainte religieuse ?

Chrétien. On la distingue à trois caractères : 1° elle est produite par de salutaires convictions de péché ; 2° elle conduit l’ame à s’attacher fortement à Christ pour obtenir le salut ; 3° elle fait naître et entretient dans l’ame un grand respect pour Dieu, pour sa parole, pour ses voies ; elle maintient la délicatesse de conscience, qui fait craindre à l’homme de se détourner à droite ou à gauche de la bonne voie ; et de rien faire qui puisse déshonorer Dieu, troubler la paix de son ame, contrister l’Esprit Saint ou causer du scandale.

Grand-Espoir. Je crois que vous avez raison. Sommes-nous bientôt hors du Terrain enchanté ?

  1. Job XXVIII, 28 ; Ps. CXI, 10 ; Prov. I, 7, chap. IX, 10.